Élu vice-président de la Plateforme RSE en mars 2022, François Moreux, délégué national CFE-CGC au développement durable et à la RSE, présente les contours de son mandat.
Que recouvre votre élection comme numéro 2 de la Plateforme RSE ?
Il fallait qu’une organisation syndicale siège au nouveau bureau de la Plateforme RSE. Celle-ci, je le rappelle, est une instance de concertation et de réflexion, installée à France Stratégie auprès du Premier ministre et chargée de formuler des recommandations sur les questions de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Après avoir travaillé depuis cinq ans sur plusieurs groupes de travail et plus particulièrement comme co-pilote sur les labels RSE sectoriels (initiative qui devrait aussi se poursuivre au sein d’un groupe de travail de l’AFNOR Normalisation) et « Empreinte biodiversité des entreprises », je me suis présenté dans le pôle des organisations syndicales (*) et j’ai été adoubé par l’ensemble de ses membres.
Allez-vous porter la voix du syndicalisme ou celle de la CFE-CGC en particulier ?
Je vais représenter les intérêts globaux du syndicalisme, sachant qu’évidemment la CFE-CGC sera visible puisque j’appartiens à cette organisation et qu’elle a fait ses preuves en matière de développement durable. La CFE-CGC est la seule organisation syndicale française qui adhère au Pacte mondial de l’ONU et la première à avoir été reconnue comme « Partenaire engagé pour la nature » par l’Office français de la biodiversité (OFB). Je conduirai donc mon action avec les valeurs de la CFE-CGC, tout en gardant la neutralité qui s’impose. Au passage, le pôle des organisations syndicales de salariés est par excellence un de ceux qui fonctionne le mieux au sein de la Plateforme. Il n’existe pas à ce jour de dissensus entre elles et je m’attacherai à ce que cela se poursuive.
Quel est le suivi des recommandations que la Plateforme adresse au Premier ministre ou aux ministères, à la suite de leurs saisines ou d’auto-saisines ?
Le suivi des recommandations données dans ses avis fait partie des missions de la Plateforme. Ce qui n’est pas toujours évident et nécessite de la vigilance, a fortiori lorsque nous concertons pendant des mois pour arriver à une position commune. Nos recommandations peuvent être adressées à l’État aussi bien qu’à des ONG ou à des organisations syndicales patronales ou de salariés. Compte tenu de l’importance de ces sujets pour la CFE-CGC, Madeleine Gilbert (secrétaire nationale confédérale au développement durable) et moi-même allons être très attentifs au respect des recommandations par notre syndicat.
Que pensez-vous du récent rapport du GIEC sur le climat ?
Il y a deux rapports factuels qui nous importent en particulier : celui du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et celui de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques). Sans surprise et malheureusement, celui du GIEC est catastrophique. On sait que l’accord de Paris de 2015 sur les mesures à prendre pour contrer l’élévation de la température du globe a dérivé. En 2021, le jour du basculement mondial, c’est-à-dire la date à laquelle on commence à consommer l’énergie censée être réservée à l’année suivante, a été franchi en juillet et courant mai en France. En 2022, la Belgique vient de le passer au mois de mars ! Cela dit, en France, beaucoup d’activités de la RSE sont basées sur la loi Pacte de 2019 et nous allons continuer de travailler sur cette base – société à mission, raison d’être, etc. – pour améliorer la situation.
Propos recueillis par Gilles Lockhart
(*) La Plateforme RSE comprend cinq pôles dans lesquels sont réparties les organisations et institutions membres : entreprises et monde économique ; organisations syndicales de salariés ; organisations de la société civile ; chercheurs et développeurs de la RSE ; institutions publiques.