Michelin : un plan de départ qui n’oublie pas ceux qui restent

Michelin : un plan de départ qui n’oublie pas ceux qui restent

Signé le 27 avril dernier par la CFE-CGC, l’accord majoritaire chez Michelin définit les conditions de départ de 2 300 salariés. Tout en instaurant des contreparties pour ceux qui restent.

Ils ne partaient pas tous, mais beaucoup étaient touchés : 2 300 personnes au total concernées par les réductions d’effectifs du plan de compétitivité lancé par Michelin en 2020. 2 300 salariés qui partent en retraite ou en reclassement externe. À comparer avec les 16 000 qui restent sur les fiches de paie du pneumaticien. C’est pour ces deux catégories que la CFE-CGC s’est battue.

« La force de la CFE-CGC dans cette négociation a été d’amener l’entreprise à négocier non seulement les conditions de ceux qui partent mais aussi et surtout de ceux qui restent, explique José Tarantini, délégué syndical central chez Michelin. L’accord que nous avons signé est un bon accord. Cela dit, il faut écrire en lettres très claires que nous ne pouvons pas nous satisfaire de 2 300 suppressions d’emplois. Nous sommes fiers de la négociation et de la performance de la section CFE-CGC dans ce bras de fer, mais désolés que cela se fasse dans le cadre de la destruction d’emplois en France. »

Le mot « bras de fer » n’est pas superflu. Il a fallu, au tout début de la négociation, que la CFE-CGC menace de boycotter les deux premières réunions pour amener Michelin à inscrire à l’ordre du jour un volet pour ceux qui restent. Sans parler d’un épisode de haute tension qui s’est déroulé le 26 mars dernier, quelques jours avant la dernière réunion de négociation prévue. Une journée typique de fin de « négo », durant laquelle ça passe ou ça casse. « Et là, c’était parti pour casser, raconte José Tarantini. La CFE-CGC avait dit à l’entreprise qu’elle n’était pas d’accord avec sa dernière proposition et que nous allions exprimer nos ultimes revendications. J’avoue que je me suis retrouvé un peu tout seul, ce vendredi-là, dans une réunion avec deux autres syndicats. Le soir, à 20 heures, j’ai transmis nos demandes à Sophie Balmary, la directrice des relations sociales. Cela a dû chauffer durant le week-end mais le lundi matin, tout était accepté… Un accord obtenu un peu à l’arrache comme dans toutes les bonnes négos ! »

SALAIRES ET COMPLÉMENTS DE RÉMUNÉRATION : DES AVANCÉES

Plusieurs éléments matériels sont à mettre en avant dans l’accord obtenu. Le premier concerne les salaires. L’accord va obliger l’entreprise à se caler sur les médianes de marché qui correspondent au référentiel Hays. À 98% dès la fin de cette année et à 100% fin 2022. Le deuxième élément matériel concerne les compléments de rémunération : Michelin s’est engagé à bonifier les plan d’épargne entreprise (PEE) et les chèques emploi service (CESU) des salariés durant la durée du plan, entre 2021 et 2023.

Enfin, la CFE-CGC a obtenu que l’employeur anticipe la renégociation de son accord télétravail qui datait de 2017 et qui devait être renégocié mi-2022. « Il s’est passé beaucoup de choses depuis un an, les conditions de télétravail sont à revoir de fond en comble, justifie José Tarantini. Nous allons donc pouvoir nous atteler à ces questions dès le second semestre 2021 : à savoir, les conditions d’accès et d’exercice du télétravail, mais aussi les compensations matérielles. »

Est-il resté un ou deux points durs ? José Tarantini répond par la négative. Est-ce qu’il aurait fallu en demander plus ? « Il ne faut pas faire d’une négociation ce qu’elle n’est pasOn ne pouvait pas tout mélanger en incluant le chantier de la réorganisation des projets tertiaires qui pose de très nombreux problèmes et que nous surveillons comme le lait sur le feu. Notre force a été d’élargir le périmètre, en toute logique et avec beaucoup de bon sens, pour mettre en avant ceux qui restent à côté de ceux qui partent. »

Gilles Lockhart

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