Voici la lettre ouverte envoyée ce jour (19/09/2019) aux membres des comités de Directions des Entités JEO, JEU et JALY du site d’Irigny.
Mesdames, Messieurs, membres des comités de Directions des Entités JEO, JEU et JALY du site d’Irigny.
Après plusieurs mois d’application, nous, CFE-CGC, essayons de dresser un bilan sur la mise en place de l’activité partielle chez JTEKT. Ce temps de réflexion a permis d’échanger avec nos collègues femmes et hommes, toutes catégories sociaux professionnelles et tous niveaux hiérarchiques.
Nous ne reviendrons pas sur les chiffres qui sont présentés régulièrement, ils sont réels (même si on se perd parfois entre les résultats opérationnels, nets et autres) et ont du sens d’un point de vue strictement comptable. Nous comprenons la construction de l’objectif financier qui prévoit une économie de 5.5 millions d’euros d’ici la fin de l’année fiscale 2019.
Cependant, tous, nous savons que cette comptabilité ne prend pas en compte les coûts cachés associés à cette période d’activité partielle.
Aussi, alors que nous arrivons à la fin de première période d’activité partielle, nous souhaitons vous faire part de l’ensemble des réflexions qui s’opposent à cette logique.
– Dans la dénomination « activité partielle », on entend évidemment moins de travail fourni. Dans le cas présent, cela représente 10% de travail effectué en moins. Cela sous-entend que 10% de la production prévue pour préparer l’avenir en travaillant l’amélioration de la profitabilité des projets et de la rentabilité de nos usines n’est pas réalisée.
– A la question, “comment prend on en compte les 10% de temps de travail en moins dans la charge de travail ?”, la réponse qui nous a déjà été donnée est que les managers ont la responsabilité d’adapter la charge et de définir les priorités pour s’adapter au temps de travail. Inutile de se mentir, personne ne le fait, tout le monde le sait : point final.
– Faisons un peu de démagogie. La profitabilité moyenne des projets à venir avoisine les moins 5%. Sur un chiffre d’affaire à 1.4 milliards d’euros, cela sous-entend une perte de 70 millions d’euros à terme en année pleine. En lieu et place du chômage, je consacre 10% de mon temps pour rattraper 10% de la somme…. Je récupère 7 millions… Facile à dire, certes, mais au-delà des chiffres, dire qu’en période de difficultés, je recentre mes organisations sur du travail à fort potentiel pour retrouver du profit à terme a un sens certain financièrement et donne encore plus de sens à la valeur du travail fourni par les collaborateurs JTEKT. Point primordial, cela propose une stratégie viable à terme et pas simplement budgétaire.
– Nous attirons l’attention sur l’effet dévastateur qui consiste à faire croire que l’impact de ne pas travailler et de gagner peu ou prou la même chose n’a pas d’impact.
* Parce que c’est faux d’abord pour l’ensemble des ETAM qui perdent de l’argent.
* Parce que l’ensemble des salariés est impacté sur leur cotisation retraite.
* Parce que le personnel de JALY qui travaille tous les vendredis avec 50% d’effectifs en moins fait 50% de travail en plus ce jour-là.
* Parce que nous sommes dans une période de surcharge d’activité et qu’en réalité nous allons faire 10% de travail en moins d’une charge que nous n’arrivions déjà pas à faire avant en temps plein.
* Parce que, comme l’a très justement dit l’enquête de climat social, les personnes qui travaillent chez JTEKT sont très investies et motivées mais elles ne se retrouvent pas dans la stratégie qu’on leur propose. Ceci vaut à toutes les strates de l’entreprise.
* Parce que nous devons savoir garder nos compétences et capitaliser nos savoirs, c’était un des arguments de la mise en place de l’activité partielle, force est de constater que nous n’y arriverons pas. Les départs non voulus de prestataires et de salariés s’accumulent.
* Parce que les habitudes qui seront prises avec les horaires de l’activité partielle auront des impacts au moment du redémarrage à taux plein.
– Pendant que nous prenons du retard sur le travail non effectué, nos concurrents ne nous attendent pas. Pendant ce temps, ils prennent plus de distance technologique.
Cette liste mériterait certainement d’être plus exhaustive et nul doute, que tous les lecteurs et collaborateurs auront des idées, opinions, positions au regard de ce qui vient d’être énoncé. Cependant, nous sommes convaincus que cette activité partielle nous coûtera bien plus à terme que ce qu’elle rapporte aujourd’hui et c’est le sens de notre message.
Il est impensable dans ces conditions d’imaginer une prolongation, ou pire, une augmentation des périodes d’activité partielle dans les mois à venir.
De ce fait, nous pensons nécessaire l’arrêt de l’activité partielle dans les plus brefs délais.
Sachons trouver des organisations et des actions qui donneront du sens économique à notre futur et communiquons positivement à cette évolution. C’est ce que la CFE-CGC revendique, de manière constructive dans l’ensemble des communications et échanges avec notre Direction.
Vous en souhaitant bonne réception.
Cordialement
Patrick HOET et Frédéric VION
Délégués Syndicaux CFE-CGC de l’UES JTEKT Irigny
Félicitations !
Merci, c’est très bien rédigé, absolument non polémique et sans démagogie, contrairement aux autres publications qui sont distribuées…
BRAVO
Merci pour cette publication qui reprend factuellement et objectivement les impacts non négligeables de l’activité partielle sur l’avenir du groupe et sur l’implication de ses salariés.