Baisse des parts variables, mobilité externe ralentie, persistance des inégalités homme-femme : la crise économique aura des impacts négatifs pour les cadres, selon l’Apec.
Parmi toutes les conséquences induites par la pandémie de Covid-19 sur l’activité économique et le marché du travail (restructurations dans les entreprises, accords de performance collective, hausse du chômage…), une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) souligne combien la crise va aussi impacter le salaire des cadres.
« Alors que l’on assistait depuis plusieurs années à une hausse constante des salaires, plusieurs phénomènes vont remettre en question cette dynamique : un ralentissement des progressions en NAO (négociation annuelle obligatoire en entreprise), la chute des variables liés aux résultats, et le ralentissement prévisible de la mobilité externe », détaille Gilles Gateau, directeur général de l’Apec.
► PARTS VARIABLES ET INTÉRESSEMENT À LA BAISSE
Pour rappel et après deux années de hausse en 2017 et en 2018, la rémunération brute annuelle médiane des cadres du privé (la moitié gagne plus, l’autre moins), incluant la part fixe et la part variable, s’est élevée à 50 000 euros en 2019. La crise devrait en particulier avoir un impact négatif sur les composantes variables du revenu (prime sur objectif, commission sur le CA etc.), liées aux résultats du salarié ou aux performances de l’entreprise. Cette probable baisse touchera plus spécifiquement les cadres commerciaux et ceux des grandes entreprises, selon l’Apec.
Par ailleurs, l’intéressement et la participation devraient être plus faibles, avec des effets notables pour les cadres des grandes entreprises. Ces données ne sont pas négligeables : en 2019, un cadre sur trois a en effet bénéficié de ces dispositifs.
► PERSISTANCE DES INÉGALITÉS SALARIALES HOMME-FEMME
Malgré un effet de rattrapage – le salaire moyen des femmes a progressé de 4,6% l’an passé contre 1,7% pour les hommes – les inégalités salariales perdurent puisqu’à profil identique, les hommes gagnent 8% de plus que les femmes. D’après l’Apec, le rattrapage initié pourrait être fragilisé par la crise. « Les entreprises devront être vigilantes à ne pas ralentir le rythme, encore trop lent, de réduction des inégalités salariales, analyse Gilles Gateau. Plus largement, elles vont devoir faire évoluer leur politique de gestion et de progression de carrière. »
► LES JEUNES CADRES PÉNALISÉS
Les cadres en début de carrière, d’ordinaire plus nombreux (62% d’entre eux en 2019 contre 38% pour les plus de 50 ans) à bénéficier d’une hausse de leur rémunération au sein de leur entreprise ou lors d’un changement d’employeur vont, crise oblige, moins bénéficier d’une évolution salariale dans le cadre d’une mobilité externe. Dans ce contexte, note l’Apec, la mobilité interne pourrait être perçue comme une alternative, même si la hausse de la rémunération reste alors plus limitée que suite à un changement d’entreprise.
► DIFFICULTÉS ACCRUES POUR LES DEMANDEURS D’EMPLOI
Sans surprise, la crise économique va entraîner cette année une augmentation du taux de chômage des cadres (qui s’élevait à 3,4% en 2019), estime l’Apec, et conduire les demandeurs d’emploi à rencontrer davantage de difficultés pour retrouver à la fois un emploi cadre et un niveau de salaire équivalent à leur emploi précédent.
Mathieu Bahuet