Les relations dans le monde de l’automobile entre les fournisseurs et les grands donneurs d’ordre sont souvent complexes pour ne pas dire parfois malsaines.
Les médias font l’apologie des résultats financiers de ces grands groupes qui se chiffrent en milliards d’€uros mais oublient trop souvent celles et ceux qui ont permis d’atteindre ces objectifs.
Le tissu industriel automobile français saigne de tous bords pour garder des parts de marché qui lui permettrait de continuer d’exister à défaut de gagner de l’argent.
Tout ceci est orchestré par un système où seuls les constructeurs ont voix au chapitre même si la FIEV et les partenaires sociaux tentent parfois de mettre un peu de contre-pouvoir à tout cela.
Certaines pratiques utilisées par ces mêmes donneurs d’ordre pour réduire les coûts et engranger des bénéfices records, sont parfois “limites” au niveau de la législation mais personne n’ose vraiment les dénoncer au risque de se voir “blacklisté” définitivement…
- Remises de prix pour accéder à des consultations
- Retards de paiement
- Inflation
- Hausses matières
- Energie
- Concurrence internationale (qui n’a jamais entendu “vous ne vous êtes pas assez saignés” car votre prix, même déjà concurrentiel à force d’actions de réduction des coûts, est basé sur une fabrication française sachant qu’il existe d’autres sites dans des pays “low cost” ? )
Cette stratégie aura forcément des limites à terme et il est quasi certain que nos constructeurs se verront en fâcheuse posture quand le panel fournisseur sera définitivement à bout de souffle. Les enseignements de la période COVID ont été vite oubliés et l’on voit encore trop de business partir à des milliers de km de leur lieu de production.
La voiture électrique est un parfait exemple de l’hypocrisie d’un système qui se veut vertueux d’un côté tout en cachant la misère qui se trouve de l’autre… (nous vous invitons à regarder les conditions d’extraction des terres rares en Chine ou du cobalt au Congo, pas sûr que vous soyez aussi fiers de rouler “vert”).
C’est donc avec optimisme que nous avons lu la presse ce matin avec une condamnation pour pratique litigieuse d’un constructeur envers ses fournisseurs. J’imagine que tous ceux qui ont déposé le bilan à cause de ces gens là doivent être amers car pour eux, il est trop tard.
Nous n’accablerons certainement pas le condamné, les autres constructeurs font la même chose, ils ne se sont juste pas fait prendre.
Pour les plus anciens, les états généraux de l’automobile, en 2009, avaient généré le versement de quelques milliards à nos constructeurs français pour se sortir de la crise en contrepartie d’une charte de bonne pratique et avec la volonté de relancer l’activité automobile en France. Force est de constater que cela a lamentablement “foiré”. Le déclin perdure et force est de constater que la charte de bonne conduite est loin d’être respectée…
Nous espérons toutefois, à travers cette condamnation, un début de prise de conscience de cet état de fait qui permettra un rééquilibrage des rapports de force pour que l’ensemble de la filière automobile et industrielle se coordonne et puisse vivre de ses performances.