Quand le développement durable prend une dimension locale militante : Christophe Husson, élu CFE-CGC et conseiller municipal dans le Doubs, présente la création d’un Observatoire de la RSE en Bourgogne-Franche-Comté.
Qui êtes-vous, Christophe Husson ?
Je suis avant tout un passionné. J’ai fait un doctorat en mécanique du solide à Strasbourg par engouement pour ce domaine. Je travaille chez Faurecia Clean Mobility sur la coordination de l’efficacité des systèmes. Par systèmes, on entend l’optimisation des moyens et des processus, à la fois sur les aspects coûts, délais et efficience. Je suis élu syndical CFE-CGC, plus précisément secrétaire du comité social et économique (CSE), référent harcèlement et secrétaire de la commissions santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT). Je précise que je ne suis pas détaché à 100 % et que je ne le souhaite pas. Je considère que le rôle d’un élu en entreprise est d’être présent sur le terrain au quotidien.
Vous avez également une casquette d’élu local qui vous a valu d’intervenir récemment pour le compte de la CFE-CGC dans un séminaire sur les interactions entre le syndicalisme et la politique.
Effectivement, je suis conseiller municipal à Berche (Doubs), un petit village rural de 530 habitants situé à une quinzaine de kilomètres de Montbéliard (la préfecture du département) et dont le niveau d’engagement numérique sur des initiatives de démocratie participative et de « territoires intelligents » vous étonnerait probablement. J’y suis conseiller municipal et animateur de la commission développement durable.
Comment conciliez-vous vos engagements ?
Les différents mandats que je porte me passionnent, car ils me permettent d’avoir une activité multi-branches. À titre personnel, je suis convaincu que l’engagement syndical a évolué et que cette mutation s’est accélérée avec la crise du Covid. Il y a une dimension supplémentaire aujourd’hui qui dépasse la « simple » défense des droits des salariés. De par les évolutions économiques et environnementales, les représentants syndicaux ont vocation – et peut-être même le devoir – d’être des acteurs de leur territoire. Cela va dans les deux sens puisque notre insertion dans le territoire impacte le fonctionnement de l’entreprise et réciproquement. C’est ce qui me permet de faire partager ma vision syndicale lors des réunions à la communauté d’agglomération du Pays de Montbéliard, par exemple sur le télétravail.
En quoi consiste l’Observatoire de la RSE qui vous mobilise ?
En tant que référent RSE à l’union régionale CFE-CGC de Bourgogne-Franche-Comté, je travaille avec l’École supérieure des technologies et des affaires (ESTA) de Belfort, et bientôt avec un sociologue, pour créer un Observatoire de la RSE territoriale. Il s’agit d’une entité qui aura vocation in fine à décerner des trophées RSE pour valoriser les entreprises. Avant d’en arriver là, nous commençons par recenser les bonnes pratiques et par les examiner au sein d’un forum d’échanges. Je crois beaucoup à la notion d’écosystème de l’ensemble des acteurs du territoire. Nous allons créer un MOOC de la RSE, c’est-à-dire une formation en ligne afin de bien faire comprendre son périmètre, et nous valoriserons la connaissance via des ateliers de sensibilisation à l’environnement et la production de fiches sectorielles pratiques et didactiques.
À quoi servira cet Observatoire ?
Je passe sur le détail des étapes mais au final, un de ses objectifs est de mettre en place un indicateur RSE dans les entreprises au même titre que celui qui existe au plan national pour l’égalité hommes-femmes. Avec des indicateurs sur la gestion durable des ressources et sur les points économiques et sociaux (télétravail, baisse d’émission des gaz à effet de serre, accords de mobilité durable négociés…). Cela permettrait de constater l’engagement de l’entreprise et de définir ses objectifs à atteindre sur les aspects sociaux, économiques et environnementaux. Également d’accompagner l’évolution de la RSE du territoire. Cela dans un contexte multi-branches, pas seulement au sein de la métallurgie à laquelle j’appartiens.
Quelle est la répartition des tâches entre la CFE-CGC et les établissements d’enseignement supérieur ?
La force des syndicats, c’est de pouvoir rendre compte de ce qui se passe dans les entreprises. Grâce à notre maillage d’élus, nous savons le faire. L’Observatoire permettra d’accompagner nos élus dans les entreprises, mais également de définir la stratégie de la CFE-CGC sur les territoires en termes de RSE et de la partager aux élus politiques. Côté enseignement supérieur, il y a évidemment un apport considérable de matière grise sur tout ce qui est l’aspect sociétal, les pratiques managériales, l’étude de l’évolution de l’énergie, etc. Nous travaillons avec les étudiants et le corps enseignant pour définir les entreprises à suivre, petites ou grandes structures, et rendre opérationnel le dispositif.
Propos recueillis par Gilles Lockhart